Quitterie Delmas quitte le navire.
J'avais remarqué son absence depuis quelque temps et il était déjà évident qu'il ne s'agissait pas de la lassitude commune à ceux (et surtout celles) qui se sont battu(e)s sur leur temps libre, ce qui veut dire sur le blog de minuit à 2 heures du matin, une fois la journée de travail finie, les courses faites, le repas préparé, tous les enfants couchés, la réunion de section ou le conseil municipal rondement menés, la vaisselle faite, le linge repassé, les quotidiens locaux et nationaux épluchés, l'article pour le journal local rédigé et expédié, et le réveil remonté pour sonner à 6h30...
Ajoutez à cela les coups bas, on s'attendait à ceux de l'UMP mais on est toujours mal préparé à ceux de ses anciens "amis", et pourtant rien de plus perfide que la hargne de ceux qui ont trahi et n'auront plus de cesse que d'avoir abattu les fidèles qui, en tenant bon, leur rappellent leur forfaiture.
C'est vrai qu'il faut du temps pour s'endurcir, parfois pour panser ses plaies, et puis pour repenser à la raison de son engagement. Après tout la vie est courte, les enfants grandissent et on aimerait aussi prendre du repos et des loisirs.
Alors justement, sur quoi reposait-il cet engagement ?
Pour ma part, j'ai adhéré en 2002, au moment de la 1ère débandade, parce que j'avais admiré Bayrou et que je voulais le soutenir. Enfin un qui a du cran et qui n'ira pas lécher les bottes de l'UMP. Il était Béarnais mais il aurait pu être Breton.
Puis sur la liste des régionales, l'expérience d'une campagne, la découverte en direct de l'absence de scrupules de l'UMP, puis la création d'une section et à nouveau les bâtons dans les roues, l'amitié d'une équipe qu'on monte peu à peu, enfin l'euphorie de la campagne présidentielle, dans la foulée la candidature aux législatives par fidélité envers Bayrou et envers les militants, la surprise des 1ères pressions directes, l'étonnement de tenir bon, un score honorable, et en avant pour les municipales, en continuant à étoffer l'équipe, seule liste modem indépendante du Morbihan et plus de 10% des voix, encore une fois malgré les coups bas.
Et pourtant des doutes malgré tout, liés à la fatigue, aux sacrifices (le petit dernier vient d'avoir 3 ans, il ne les aura jamais plus et on n'en a pas tout vu) et liés à cette auto-flagellation permanente d'un parti qui semble se complaire dans l'invective.
Et on assiste aux départs des uns et des autres, commentés par la presse, par nos nouveaux amis de l'UMPS et nos anciens du Nouveau Centre, et relayés à qui mieux mieux par des blogs vengeurs et masqués... Qui sont-ils ceux qui s'en vont, et pourquoi continuent-ils à s'en aller ?
Parmi ceux qui ont quitté le navire depuis la présidentielle, outre ceux qui ne s'étaient officiellement embarqués que le temps de la campagne, et ceux-là voteront à nouveau Bayrou en 2012, d'ailleurs ils ne prennent aucune part aux querelles qui agitent depuis le marigot, heureusement pour eux ! Outre ceux-là donc, nous avons eu les défections, prévisibles et parfois même compréhensibles, sur le mode de celles de 2002, de tous ceux qui ont voulu préserver leur siège, et mal leur en a pris parfois, puisque nombre de ceux qui n'ont pas voulu déplaire à leur supposé électorat "de droite" ont été boulés par leur nouvel électorat "de gauche", et ont fait élire un socialiste... Nous avons eu dans la foulée les défections d'anciens adhérents ex CDS (et pourtant j'en étais) pour qui la grande aventure avait été la campagne de Giscard (ça, je n'en étais quand même pas, ça remonte quand même à loin, même si on est toujours jeune tant qu'on s'intéresse, je sais). Mais les nouveaux jeunes les ont inquiétés, on peut les comprendre, et de toute façon eux non plus ne pourront tout de même pas voter Sarko !
Et puis nous avons les 2 vagues qui ont renfloué l'UDF en 2007 et qui nous ont un moment fait espérer la victoire : ce sont d'une part tous les enthousiastes de bonne foi (que d'aucuns appellent les bisounours, bien que leurs rangs ne comportent pas seulement des naïfs incultes), ceux-là n'ont pas ménagé leur peine, ni sur les marchés, ni sur les blogs, ni dans les réunions et élections internes, où ils ont d'ailleurs mis à contribution la peine et la patience des autres !
Et d'autre part les opportunistes de tout poil qui ont flairé une ouverture possible, du conseil municipal au parlement européen, de l'aigri local au sympathique Azouz Begag. Beaucoup d'ailleurs font partie des deux sous-groupes : à la fois sympathisants et pas hostiles à l'idée de faire carrière.
Tous ceux-là, les bisounours comme les opportunistes, tombent depuis, les uns après les autres, mais plus ou moins vite, et certains ont tout leur temps, n'ayant pas d'autre os à ronger. Le temps fait son oeuvre certes et on peut se dire que parmi ceux qui ont tenu jusqu'à aujourd'hui, la plupart résisteront jusqu'au bout, même si ce jeune et sympathique Mouvement Démocrate adore quand ça tangue et rajoute à plaisir, quand la houle n'est pas assez forte, des petites élections internes sanguinaires et autres consultations démocratiques bidon propres à décourager les plus accro.
Mais il reste difficile de faire la part, dans nos rangs, entre les fidèles et ceux qui attendent leur heure. Les cyniques disent et les umpistes croient qu'il y a forcément un prix où un fidèle est achetable. L'argent ne fait pas tout, surtout au Modem ! Mais l'ambition, l'amour-propre comptent aussi. Et nombreux sont ceux qui savent jouer des déceptions, justifiées ou non.
Je peux témoigner que c'est grisant d'avoir vu une équipe et un réseau se constituer autour de soi, de se rendre compte qu'on exerce un charisme auprès de nombreuses personnes qu'on respecte et qu'on n'aurait jamais imaginées nous soutenant, c'est valorisant de se rendre compte que même des adversaires vous craignent et sont obligés de composer, alors ajoutez à cela un peu de notoriété médiatique et parisienne, les flagorneries qui s'ensuivront et l'on peut imaginer que les chevilles enflent...
C'est tout à l'honneur de Quitterie d'avoir senti le vertige et d'avoir préféré prendre du recul. Je la salue.
En même temps, je n'approuve pas la plupart des commentateurs qui louent sa décision sur son blog. Qu'ils lui fassent part de leur amitié, oui, mais qu'ils discréditent l'engagement politique et le combat du MoDem, non.
Il faut savoir si on est personnellement capable de s'engager en politique ou si l'on préfère enrichir le débat à partir de la société civile, les deux sont nécessaires. Mais les deux sont aussi interdépendants et interactifs et il importe qu'aucun de ces moyens d'influence et d'action ne disqualifie l'autre, ni par mépris, ni par dépit. Il y a des agitateurs d'idées vains et boursouflés dans les associations comme en politique, mais il y a aussi, comme dans les mouvements citoyens, des personnalités honnêtes et généreuses en politique, même si le chemin est sans doute davantage parsemé d'embûches pour ces derniers, preuve s'il en était, puisqu'ils sont craints, que leur combat peut être d'une réelle efficacité et donc d'une réelle utilité pour la société. La différence est parfois ténue entre compromis et compromission et les parlementaires ne vieillissent pas toujours au mieux je l'admets. Mais les puissants ne s'en prennent pas aux moulins à vent, et si l'on s'en prend tant à Bayrou, c'est qu'il représente plus que des effets de manche.
Pour ma part, sans avoir la prétention de me frotter aux Parisiennes, je reprends mon blog et mon engagement politique.
10 commentaires:
Oui Christine, on continue notre engagement.
J'ai vu ton message chez Christophe Ginisty et ai cliqué sur ton nom.. alors tu es en Bretagne ! on va donc faire la même campagne du Grd Ouest, car je suis en Charente-Maritime. (Fanal Safran)
Tu dois être heureuse d'avoir deux candidats de ta région. Et moi heureuse qu'ils soient du littoral. Il nous faut quelqu'un pour reprende le flambeau de Ph Morillon pour la pêche. En Charente-Maritime nous avons notre président du MoDem17 qui se bat aussi pour le sujet.
Bonne soirée
Danielle
Merci Danielle !
Oui avec Sylvie Goulard on a une femme de compétence et de conviction, tous avec elle !
Je n'approuve pas du tout votre analyse du départ de Quitterie, je crois que vous la connaissez mal, c'est dommage.
Beau billet. Globalement en accord avec ce que vous écrivez.
Billet riche et témoignage passionnant. Welcome back sur la toile démocrate !
Merci pour vos encouragements. Je suis très honorées par vos visites et je vais essayer de rester à la hauteur. N'hésitez pas à repasser, il y a toujours du café pour les amis.
J'ai comme l'impression qu'en s'y mettant à plusieurs à la solliciter ;o)..et en considérant quelques évenements tombés à point nommé, Christine est repartie! C'est tant mieux pour le MODEM,voisine!! Pornichet te salue amicalement..
C'est exactement ça !
Merci d'avoir "réamorcé" la machine,
et vive la Bretagne réunifiée.
Une délégation d'Alréennes compte venir te rendre visite à Pornichet d'ici peu, l'union fait la force.
Et en attendant tous derrière Sylvie Goulard, pour l'Europe.
A galon !
"seule liste modem indépendante du Morbihan " Bonjour Christine,
Je suis surpris par cette affirmation. TU le sais très bien, cette liste à Auray n'a jamais été une liste MoDem indépendante, n'a jamais été reconnue en tant que telle, et n'a jamais eu non plus l'investiture tant souhaité.
C'est juste un détail, mais qui a quand même son importance pour tes lecteurs du Morbihan.
Interessant cet article mais attention à ne pas se victimiser... Il y rarement de fumée sans feu.
Bien cordialement.
Bonsoir Courageux Anonymous,
Il n'y effectivement eu que 2 listes MoDem indépendantes dans le Morbihan aux municipales de 2008, une à ARRADON et une à AURAY. Celle d'Arradon s'est retirée au 2nd tour et la liste UMP a perdu au 2nd tour.
A Auray il n'y a pas eu de 2nd tour, la liste UMP et la liste MoDem ayant été battues dès le 1er tour par la liste sortante d'union de la gauche.
Il y a aussi eu 3 listes d'union UMP-MoDem à Vannes, Lorient et Pontivy.
Auray est donc bien la seule ville du Morbihan où le MoDem se soit présenté dans l'indépendance.
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