Perag taùein bepred, pen dé er wirioné ?

21 février 2009

La communauté de communes des 3 casinos

Alors que nous attendons les résultats de la Commission Balladur qui étaient annoncés pour fin février, un article du Figaro cite l'intercommunalité comme l'un des points clés de ce rapport :
« point clef du rapport, le renforcement des intercommunalités. «Ce sera le nouvel échelon fort de la réorganisation.» pronostique un proche du dossier. »

Ce sujet me tient à coeur dans le pays d'Auray où l'intercommunalité peine à se mettre en place alors même que c'est dans le Morbihan qu'a été fondée par Michel Guégan la 1ère communauté de communes de France. De malheureuses rivalités politiques font que le pays d'Auray qui regroupe 28 communes dans un ensemble historique, géographique et économique cohérent recouvre cependant 5 communautés de communes distinctes et 4 communes hors intercommunalité, alors que même certaines voudraient intégrer une communauté de communes mais en sont empêchées , au nom du principe de la continuité territoriale, par la frilosité ou l'entêtement de la commune voisine !
Et voici que Michel Grall, notre député UMP, qui est aussi maire UMP de Carnac, interrogé sur sa double casquette, proposait sans ambage dans le Ouest-France de samedi de regrouper les riches communes littorales en les isolant des communes de la terre, celles qui supportent la population permanente et financent tous les services liés : écoles, crèches, maisons de retraite...
Evidemment je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre, voici le texte de mon intervention :

Non à la Communauté de communes des 3 casinos

Communautés de communes et pays d'Auray
L'intercommunalité, dans le pays d'Auray comme ailleurs, a été désirée et mise en place dans un souci de mutualisation des moyens, c'est-à-dire dans un double souci d'efficacité et de solidarité, au service du territoire et des ses habitants. Des intérêts divergents se font encore parfois sentir et il y a parfois des tiraillements entre ville et communes rurales, entre terres et côte, nous devons régler ces problèmes ensemble et entre nous, par la discussion et les compromis. Nous avons besoin les uns des autres pour nous équiper et, entre Vannes et Lorient, face à Paris, le pays d'Auray n'a d'avenir possible que dans l'union.
Tourisme et loi littoral
Notre pays tire désormais une grande partie de sa richesse du tourisme mais c'est aussi ce qui fait sa fragilité. Les promoteurs et les investisseurs sont puissants et des particuliers fortunés sont prêts à tout, heureusement que la loi littoral nous protège, sans elle, nos côtes ressembleraient déjà à celles de la côte d'azur. Dénigrer la loi littoral au nom de l'emploi est à double tranchant : quand notre région aura été défigurée, quel attrait lui restera-t-il ? Ce n'est pas à des groupes industriels ou à des intérêts financiers de dicter notre développement économique et encore moins de spolier notre sous-sol marin. Nous avons d'autres atouts que la construction, d'autres sources d'emploi, et d'emploi mieux qualifié. Il faut développer un tourisme intelligent, respectueux de l'environnement et au service de la population autochtone.
Déséquilibre
Carnac, Quiberon, la Trinité comptent plus de résidences secondaires que d'habitations principales, les prix ont explosé et nos jeunes ne peuvent plus y acquérir de logement, les écoles se vident. En même temps on voit se dessiner une quatre voies jusqu'à la côte et des ronds-points pharaoniques saccageant le paysage et au détriment d'autres investissements, alors que cette route ne sert que deux mois dans l'année. Les saisonniers en revanche, obligés de loger à Brech, Pluvigner, Camors n'ont même pas eu cette année la possibilité d'emprunter le Tire-bouchon la dernière semaine d'août. Et l'hiver, plus de commerces ouverts sur la côte, volets fermés sur toutes les plages... Nous ne devons pas laisser s'accroître ce déséquilibre entre côte et terres, entre casinos rutilants et riches retraités d'un bord, écoles en algéco et salaires de misère de l'autre. Le pays d'Auray ne doit pas se réduire à un vivier de main d'oeuvre au service des touristes. Nous ne devons pas laisser se cacher sous un discours apparemment technique et réaliste, géographique ou économique, l'exclusion de toute une part de notre territoire et de notre population au profit d'une frange de privilégiés. L'histoire, la géographie, l'économie de notre pays, c'est à nous de l'écrire, nous ne devons pas subir mais anticiper et choisir notre développement.
Un développement solidaire
La politique ce n'est pas assister à la montée des inégalités et protéger les nantis, c'est oeuvrer pour l'harmonie sociale et accompagner l'ensemble du territoire et de ses habitants. Et le rôle du député au service de TOUTE sa circonscription, comme de TOUS les Français, devrait être d'aider à la mise en place de ces solidarités humaines et territoriales et non d'exclure et d'inciter à des développements séparés et contradictoires. Dans l'intérêt de tous, il faut à terme que le pays d'Auray corresponde à une seule communauté de communes, aux atouts complémentaires.
Décentralisation
C'est à nous de décider de notre avenir, mais pour cela il faut une vraie décentralisation, c'est-à-dire un partenariat avec l'Etat. L'Etat ne doit pas rééquilibrer son budget sur le dos des collectivités locales. Ainsi jusqu'à présent, et depuis Giscard d'Estaing, le Fond de Compensation de la TVA était bien considéré comme une compensation, c'était un prélèvement sur recettes. Dans la loi de finances 2009, il ne s'agit plus que d'une dotation comme une autre, comprise dans l'enveloppe normée. Evidemment les collectivités locales sont flouées et courent le risque de l'être de plus en plus. C'est tout le système des impôts qui est à repenser. Ainsi, puisqu'après tout les collectivités locales interviennent majoritairement dans l'aide à la personne (petite enfance, personnes âgées...), pourquoi ne pas tenir compte des revenus dans le calcul des impôts locaux ?
Voilà un domaine où les députés, conscients des problèmes qui se posent sur le terrain, pourraient agir utilement en contribuant à faire évoluer la loi. Leur rôle n'est-il pas de travailler à l'intérêt COMMUN des Français ?

Le site de Ouest-France propose depuis cette intervention un site où donner son point de vue :

http://www.ouest-france.fr/actu/forumLocal_-Vers-une-grande-intercommunalite-du-pays-d-Auray-_41180-829282----1_actu.Htm

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Belle intervention Christine qui rappelle les fondements des intercommunalités. La réforme en cours va-t-elle ouvrir la boite de Panfore pour creuser encore un peu plus les inégalités?...