Perag taùein bepred, pen dé er wirioné ?

30 avril 2009

ARMOR-MAGZINE du 1er mai 2009

Pierrick Hamon m'a fait part de son article à paraître dans le numéro d'Armor Magazine de demain 1er mai, je crois qu'il pose les bonnes questions :


Elections européennes du 7 juin : une révolution culturelle s’impose.

La Bretagne, avec l’Alsace, a toujours été europhile. C’est un fait parce que les Bretons savent, dans leur majorité, ce que l’Europe signifie pour leurs libertés et leur autonomie, une autonomie aujourd’hui revendiquée au sein de presque tous les grands partis politiques de notre Région, avec plus ou moins d’énergie certes, et avec un nouveau venu : le Parti Breton.
Force est néanmoins de relever que certaines listes ont bizarrement mis en avant des Eurosceptiques militants. Ainsi la Bretagne est elle paradoxalement représentée sur la liste socialiste par Isabelle Thomas qui s’était faite remarquée aux cotés de Jean-Luc Mélenchon, par un activisme noniste au dernier referendum européen. C’est pourtant elle qui été choisie par les instances nationales du PS contre l’avis du BREIS et au détriment de Roselyne Lefrancois, députée sortante et militante européenne de longue date. Certes Yannick Vaugrenard, élu de Loire Atlantique, qui est considéré comme le plus assidu des parlementaires français à Strasbourg, sauve l’honneur avec Bernadette Vergniaud, tête de liste socialiste et représentante de Poitou Charentes, connue pour son efficacité au Parlement européen. Mais le vice-président des PDL n’est qu’en 4ème place...
Les Eurodéputés français ne cessent de réclamer publiquement une Europe plus proche des citoyens, mais ils brillent en même temps par leurs absences, même s’ils sont en progrès, comme les membres du Comité des Régions. Les exceptions (Bernard Poignant, Ambroise Guellec,…) ne font que confirmer le constat. Le cumul des mandats, spécificité typiquement française, explique pour une part cette situation – encore qu’un mandat local puisse avoir quelque utilité européenne – mais ce qui est en cause c’est cette impossibilité quasi-culturelle de considérer le fonctionnement des institutions de l’Union autrement qu’à la manière de notre système vertical jacobin. Les Politiques réagissent, il est vrai, comme nombre de nos concitoyens français souvent plus disposés à revendiquer – en général d’ailleurs une fois que les décisions sont prises et quand il est trop tard - au lieu d’agir en amont quand il est encore temps. Les plus critiques sont justement ceux qui se font remarqués par leur absentéisme. Ainsi, selon le mensuel L’Express, Philippe de Villiers et Marine Le Pen, « sont bons derniers de la classe ». Le discours incantatoire l’emporte donc sur le pragmatisme, et pas seulement à l’extrême gauche. Ainsi Olivier Besancenot ne craint pas d’affirmer qu’aller au Parlement européen, lui qui a été l’Assistant parlementaire d’Alain Krivine, « cela l’enm…. »*. La recherche d’efficacité qui passe parfois par la nécessité de trouver des consensus est certes « plus difficile  à vendre » dans notre culture politico-médiatico-démagogique. Et le lobbying a encore mauvaise presse en France, ou alors il se doit d’être caché : bonjour la démocratie !.
Strasbourg est encore trop souvent considéré comme un sas pour accéder à des fonctions politiques parisiennes, voire, un peu comme au Conseil Economique et Social, comme une session de rattrapage ou une récompense. Le mode de désignation des candidats socialistes vient d’en faire la preuve, mais il n’est pas le seul ! A peine élus, beaucoup d’Eurodéputés n’ont qu’un rêve : partir ! « Sur 78 eurodéputés français, 32 étaient candidats aux dernières législatives. En Allemagne, aucun des 99 n’était partant pour le Bundestag. Pour nous Français, c’est un placard ; pour les autres , c’est un vivier »* : CQFD !
Nombre de parlementaires européens français se plaignent de leurs difficultés à exister en rejetant la faute sur le désintérêt des médias… Daniel Cohn-Bendit a bien montré que c’est faux – enfin presque - lui qui n’en a pas souffert en élargisant pourtant son action parlementaire à une approche qui ne soit pas limitativement franco-française. Une seule liste, il faut bien le reconnaître, porte le nom d’Europe : celle des Verts. Le MODEM qui, avec Bruno Joncour, fait une belle percée en Bretagne, confirmera-t-il avec Sylvie Goulard, belle-soeur du maire de Vannes ? Le Parti socialiste, emmené par Bernadette Vergniaud, pourra-t-il dépasser ses propres contradictions ? Christophe Béchu, le jeune et dynamique président UMP du Conseil Général du …Maine et Loire, pourra-t-il faire passer son ambition clairement europhile auprès des électeurs bretons ? Mais une dernière question demeure néanmoins et la plus importante sans doute : les 72 eurodéputés français* qui seront élus, dont 9 pour l’Ouest, sauront ils faire leur révolution culturelle girondine et donc …vraiment européenne ? ou assisterons nous à une élection franchouillarde de plus ? Aux électeurs bretons d’en décider le 7 juin. A suivre … de près, de très près. Pierrick Hamon
*Le député G ONESTA, cité par Le Nouvel Observateur 26 mars 2009. *contre 78 en 2004

06 avril 2009

L'Europe, l'Amérique et la Turquie...

Je n'écris plus, d'autres le font si bien :

La Turquie, nouveau membre des États-Unis d'Amérique ?

Après le G20, l'OTAN et la République Tchèque, Barack Obama se rend en Turquie. Alors que la visite en République Tchèque se justifiait par la présidence actuelle de l'Union Européenne, celle en Turquie se fait en mettant en avant l'importance de ce pays comme pays musulman allié des États-Unis. La spécificité est donc telle qu'elle justifie un arrêt de la part du Président américain, qui jusque-là les distribue de façon méticuleuse. Celui-ci a pris le relais de ses prédécesseurs en souhaitant publiquement que la Turquie intègre l'Union Européenne. Le but serait de rechercher une plus grande coopération avec les pays musulmans, et l'entrée de la Turquie irait, selon lui, dans ce sens. Sur ce point, il est donc totalement sur la même ligne que George Bush. Ce qui est frappant, c'est que dans leur idée, l'Union Européenne semble ne consister qu'en un ensemble destiné à se courber dans tous les sens pour régler les questions stratégiques qu'affrontent les États-Unis. Ils ne semblent pas prendre beaucoup de précautions pour éviter l'ingérence dans les affaires européennes. Quel chef d'État européen irait se prononcer publiquement sur des enjeux institutionnels américains, comme par exemple, le fait que les habitants de la capitale Washington n'ont pas d'élus capable de voter au Congrès américain ?

L'offensive américaine en faveur de l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne intervient en outre juste après une séquence assez troublante qui s'est joué au sommet de l'OTAN à Strasbourg. Alors que tous les autres pays soutenaient la candidature du Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, au poste de secrétaire général de l'OTAN, la Turquie a bloqué ce choix, notamment car celui-ci ne s'était pas opposé à la publication de caricatures de Mahomet dans un journal de son pays. En ne soutenant pas la liberté d'expression, la Turquie s'est naturellement retrouvée isolée. Hier, elle a fini par donner son accord sur le nom de Rasmussen, en précisant que Barack Obama lui avait donné des "garanties". Et aujourd'hui, la presse turque triomphe, présentant la Turquie comme la grande gagnante du sommet. Des trophées sont présentées, sous la forme de concessions sur la question chypriote ainsi que la nomination à venir d'un secrétaire général adjoint turque à l'OTAN, une revendication lointaine. Le fait que cette alliance militaire serve de théâtre à des épreuves de force entre membres sur fond de questions doctrinales religieuses peut paraître inquiétant.

Mais il existe une solution pour que le lien avec la Turquie soit renforcé de la façon considérée par l'administration américaine sans qu'elle n'adhère à l'Union Européenne. Il faudrait en fait qu'elle devienne membre des Etats-Unis d'Amérique. L'idée peut paraître farfelue, et les objections ne manqueraient pas. Pourtant, ces objections sont en fait les mêmes que celles que la candidature à l'Union Européenne affronte. Et au moins, les dirigeants américains seraient plus enthousiastes que ne le sont les dirigeants européens : la coopération entre l'occident et le monde musulman serait très forte si la Turquie appartenait aux États-Unis.

Alors bien sûr, la Turquie n'est pas en Amérique. Mais elle n'est pas en Europe non plus, et pourtant, il faudrait qu'elle l'intègre quand même.
Evidemment, la très importante population turque déséquilibrerait le débat politique américain. Mais ce serait la même chose pour l'Europe.
La population américaine verrait certainement d'un mauvais oeil une telle candidature sortant de nulle part. Comme la population européenne en fait.
On pourrait se dire qu'il revient aux Américains de déterminer qui fait partie de leur union. Mais visiblement, les Américains ne se privent pas de se mêler des questions européennes.

Si les États-Unis prêchent l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, ce doit donc être car les raisons qui excluent cette adhésion ne les gêneraient pas. Ils devraient donc en tirer les conclusions, en proposant eux-mêmes à la Turquie d'intégrer leur fédération. L'idée n'est, après tout, pas plus absurde qu'une candidature à un groupe européen.

http://xerbias.free.fr/blog/index.php/2009/04/05/411-la-turquie-nouveau-membre-des-etats-unis-d-amerique

01 avril 2009

Néo-colonialisme

Un billet de Lolik sur la départementalisation de Mayotte qui résume à peu près ce que je pense, au milieu de l'incroyable silence qui a entouré ce hold-up, contre les prises de position officielles de l'ONU et de l'OUA.


Y-a-t-il de l'uranium à Mayotte ?

Les mahorais ont été consultés par referendum sur la transformation de leur collectivité en DOM et c’est à plus de 92%, qu’ils viennent, sans surprise, d’y répondre oui. Outre l’amour que cette île voue à la France, (l’ile a déjà voté en 1974 au referendum d’autodétermination pour rester française, alors que les autres îles des Comores ont opté pour l’indépendance), pourquoi ce choix ?

Les Comores font partie des pays les plus pauvres du monde, alors que Mayotte, en tant que collectivité départementale française, bénéficie d'un niveau de vie plus élevé garanti par la « mère patrie » française. Tous les partis ont donc fait campagne pour le oui, vote qui devrait ouvrir la voie à quelques réformes dont les mahorais pourraient espérer quelques bénéfices : le revenu de solidarité active, l'allocation de parent isolé et l'allocation de solidarité spécifique seront mis en place à compter de 2012. Leur niveau sera fixé à environ le quart de ce qu'ils représentent en métropole pour être augmentés progressivement pendant environ 20 années jusqu'à l'égalité. Il est prévu, en autres, un plan de revalorisation des prestations pour les adultes handicapés et les personnes âgées, l’arrivée d’une allocation de logement social et des assurances sociales (maladie, retraite, accidents de travail...).

Plutôt que de bons sentiments, n’est-ce pas le colonialisme qui frappe encore une fois ? Un colonialisme accepté d’ailleurs par la population mahoraise. C’est en tout cas ce que pensent les Comoriens du voisinage : à Moroni, le porte-parole du comité Maoré a déclaré que « le développement des Comores ne sera jamais assuré aussi longtemps que Mayotte restera sous administration française » et pour faire bonne mesure, un drapeau français ainsi que le portrait de N.Sarkozy ont été brulés. Ils ne sont pas les seuls, à voir d’un mauvais œil, cette mauvaise fréquentation : les Nations Unies condamnent (la résolution 3385 du 12 novembre 1975 affirme « la nécessité de respecter l'unité et l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores, composées des îles d'Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli »), ainsi que l'Union africaine.

Au final, on peut réellement se demander si Mayotte n’est pas en train de se tirer une balle dans le pied…comme l'a mis en lumière la grève en Guadeloupe, conséquence directe des ravages de l’assistanat qui en fait une économie d’hyperconsommation sans aucune activité de production. L’artificialité d’un niveau de vie plus élevé assuré par les transferts en provenance de la métropole va créer des distorsions avec les pays alentours. Cela empêchera Mayotte de s’insérer dans son environnement géo-économie proche, de commercer avec ses voisins et donc de développer sa propre économie, ses propres activités et donc sa propre richesse. Et dans 40 ans, on aura un LKP mahorais qui manifestera contre la profitasayon. L’histoire est quasiment écrite…Pourquoi personne ne tire jamais les conséquences des erreurs déjà faites ?

En plus de ce problème économique qui va condamner les mahorais à vivre de l’assistanat, ce changement de statut ne va pas sans poser quelques petits problèmes liés à la situation de l’île : sur les 26 000 reconduites à la frontière de 2008, 16 000 concernaient Mayotte et encore aujourd’hui un habitant sur quatre est en situation irrégulière, d’ailleurs l’état civil est quasiment inexistant et les 2/3 de la population se déclarent sans emploi. La justice est rendue par des « cadis » (juges musulmans qui appliquent le droit local) puisque la population est à 95% de religion musulmane, la polygamie y est de droit, le mariage des filles est autorisé à 15 ans et elles sont aidées à y répondre favorablement par un tuteur patrimonial et les successions y sont régies par la règle des 2/3 aux garçons, 1/3 aux filles…

D’ailleurs ces juges ont y sont opposés : «La France est un pays laïc. Or, l’islam est une religion qui se vit au quotidien. Ces deux notions sont inconciliables. » J’en finis par me demander s’il n’y a pas d’uranium à Mayotte ! Ce qui expliquera pourquoi le gouvernement veut départementaliser cette île. Et si tel n’était pas le cas, je me demande s’il ne serait pas opportun, au moment où nos finances publiques menacent d'exploser tous les records, de demander aux français de se prononcer sur l’extension de leur territoire à une île que rien ne rapproche ; extension que les contribuables devront financer et qui mériterait donc une consultation pour s’assurer que Mayotte est aussi chère au cœur des français qu’elle semble l’être aux 92% d’électeurs locaux. Puisque les mahorais, eux ont eu droit à l’autodétermination, nous aussi nous aimerions nous prononcer par referendum.

http://lolik.hautetfort.com/archive/2009/03/30/y-a-t-il-de-l-uranium-a-mayotte.html