Perag taùein bepred, pen dé er wirioné ?

21 février 2010

MoDem ou Bayrou ?

Pas super l'ambiance en ce moment, n'est-ce pas ?
Difficile de trouver un sujet de billet enthousiasmant sur le Modem ou sur les régionales...
Plus le coeur à écrire. Joncour en président de la Bretagne, il serait bon, mais il ne sera pas président. Alors à quoi bon ? Reste Bayrou, lui il peut être président de la France. Et la Bretagne y trouverait son compte. Alors faire campagne pour les deux, contrairement à ce que prétendent ceux qui veulent opposer Bayrou au MoDem ? Parce que, pour dire les choses comme elles sont, le MoDem n'existe pas sans Bayrou, et s'en prendre à Bayrou quand on vient du Modem, c'est tout sauf désintéressé, quelles que soient les dignes motifs dont on déguise sa fuite ou ses trahisons.
Je viens de lire sur Mediapart et sous la signature de Marie-Anne Kraft, dont j'apprécie souvent les interventions, l'expression d'un point de vue que je partage intégralement. Le voici :

http://www.mediapart.fr/club/blog/marie-anne-kraft/200210/francois-bayrou-bouc-emissaire-des-econduits-du-modem-aux-regionales


François Bayrou, bouc émissaire des éconduits du MoDem aux régionales
20 Février 2010 Par Marie-Anne Kraft

Trop, c’est trop ! Je ne voulais pas intervenir pour ne pas alimenter la polémique, mais cela devient insupportable. Plusieurs cadres militants du MoDem en dissidence ou éconduits des listes ont récemment démissionné à grand bruit, avec lettres ouvertes sur place publique relayées sur la Toile. La presse, avide de querelles alimentant ses colonnes, ainsi que les partis politiques ravis de voir déstabilisé de l’intérieur un concurrent potentiel, se sont empressés de relayer ces polémiques, rendant inaudible tout autre discours, notamment de fond sur le projet du MoDem pour les élections régionales.

Un mauvais sondage, quelques défections ou quelques ralliements de cadres à une liste concurrente, d’une extrême banalité en période de bouclage de liste, auxquels s’ajoute une critique d’une personnalité représentative comme Corinne Lepage, suffisent à la presse pour conclure à la débâcle électorale et adopter un ton catastrophiste, attestant que l’optimisme orange est passé au blues …

Je voudrais simplement dire qu’il est tout à fait normal qu’il y ait beaucoup de déçus dans ce contexte électoral. Le score des dernières élections régionales en 2004 avait été en moyenne de 12% pour l’UDF, dont 16,1% pour l’Ile de France. En général, les sortants sont motivés pour être reconduits. De surcroît la rémunération due au poste met du beurre dans les épinards (1508 à 2640 euros par mois pour un simple conseiller, 3771 avec indemnités et majoration selon cet article). Or, d’une part le Modem n’est plus l’UDF, il s’est renouvelé de nombreux militants, parfois nouveaux en politique, comptant parmi ses cadres autant sinon plus de nouveaux, qui prétendent autant que les anciens à être candidats, d’où un ratio de reconduction des anciens élus sur les listes inférieur à 50%. Le contexte actuel étant devenu aussi plus difficile, les sondages menaçant le MoDem d’un score de 5%, l’éligibilité des candidats sur les listes est divisée par 2 ou par 3. Ce qui donne en moyenne à un ancien élu candidat 1 chance sur 4 à une chance sur 6 d’être reconduit sur son mandat, même en gardant le même rang sur la liste. Il faut savoir aussi que sous le score de 5%, les frais de campagne sont à la charge des candidats, éventuellement subventionnés par le parti. On comprend alors la bataille naturelle qui s’engage entre les anciens et les nouveaux, sans qu’ils osent bien sûr l’avouer … On comprend aussi plus facilement la tentation de rejoindre des listes concurrentes qui présentent des sondages plus avantageux, heureuses de compter des MoDem dans leurs rangs en affaiblissant ainsi un concurrent. Les malheureux éconduits des listes ou frustrés de ne pas se trouver dans une position éligible, qui ont inondé la toile et la presse de leur atermoiements, se gardent bien de dire l’origine réelle de leur frustration. Ils évoquent alors toujours les même arguments : manque de démocratie interne, problème de gouvernance, flou de stratégie et … autocratisme de François Bayrou. Il a bon dos l’autocratisme ou l’égocentrisme de François Bayrou ! Ecoutez-le, connaissez-le ! Il n’est pas vrai qu’il décide seul. Il décide avec son bureau exécutif (et pas seulement sa fidèle Marielle de Sarnez), il écoute ses cadres, il s’appuie sur des relais car il ne peut pas gérer seul. Cet argument est utilisé toujours en dernier ressort par ceux qui ne savent pas en opposer d’autres pour justifier leur défection ou leur désaccord.

Pourtant, les statuts et le règlement intérieur du MoDem, élaboré par les militants et voté par les adhérents en Conseil national, ont été parfaitement respectés. Il n’était pas question de primaires sur les candidatures, mais de consultation des Mouvements départementaux pour avis sur les listes, ce qui a été fait. L’approbation des têtes de listes a été soumise au vote des adhérents. Certes, il y a eu un couac sur l’approbation des têtes de listes départementales, assez tardif, donc qui permettait difficilement les ajustements de dernière minute. Il y a eu aussi une maladresse en Languedoc-roussillon où malgré un vote des militants approuvant Marc Dufour, François Bayrou souhaitait une alliance avec l'ex-journaliste météo Patrice Drevet, tête de liste de l'Alliance écologiste indépendante. Ils n’ont pas su se mettre d’accord et au final tout a capoté, Patrice Drevet a présenté sa propre liste et Marc Dufour a retiré sa liste au dernier moment.

Il y a aussi le courant de Cap21 présidé par Corinne Lepage, co-fondateur du MoDem et intégré au MoDem, mais qui a gardé ses instances, son Conseil national, une indépendance programmatique, ses propres cotisations, se présentant comme le courant écologiste du MoDem (alors qu’il y a de nombreuses sensibilités écologistes au MoDem qui ne sont pas de Cap21, tels Yann Wehrling et Jean-Luc Bennhamias, anciens secrétaires des Verts …). Dès que Europe Ecologie a connu ce flambant succès aux européennes, beaucoup de militants de Cap21 ont senti le vent tourner au vert et se sont montrés plus critiques, à commencer par sa présidente. Ils souhaitaient des accords d’alliance de 1er tour du MoDem avec les listes Europe Ecologie, mais la majorité des adhérents a voté en congrès une préférence pour des listes MoDem autonomes au 1er tour, marquant l’identité de notre sensibilité et réservant au 2nd tour les possibilités d’alliance. Ils déplorent donc une « mauvaise stratégie » (pourtant décidée démocratiquement) et certains ont fait dissidence en ralliant des listes EE dès le 1er tour. Ce comportement est parfaitement logique. De plus, Corinne Lepage, de plus en plus critique à l’égard de François Bayrou, n’a jamais caché ses ambitions présidentielles et elle aurait sans doute aimé être la candidate du MoDem (... ou maintenant de Europe Ecologie ?). On comprend alors aussi ses motivations … Le sondage de popularité commandé par Cap21 sur sa présidence n’est pas anodin et cherche à mettre en avant cette dernière. Elle peut tout à fait être candidate à la candidature, si elle est encore là le moment venu, et les adhérents se prononceront par le vote. Mais François Bayrou a un grand capital confiance au sein du MoDem et encore une belle cote de popularité dans l’ensemble de la population (40% dernièrement). Sa détermination est intacte, sa vision juste. Il reste un repère pour nombre de Français.

Ces événements ont contribué à la baisse du MoDem dans les sondages et à son inaudibilité sur les régionales. Malgré tous ces incidents, nous sommes nombreux et même majoritaires à être engagés dans ce Mouvement pour défendre une autre politique, un modèle de société plus humain, plus épanouissant, plus créatif et plus équilibré. Faire partie du MoDem, aujourd’hui, c’est faire acte de résistance. Résistance à l’oppression, à la pression médiatique et à la désinformation, au rouleau compresseur des partis dominants et du pouvoir de l’argent, résistance à toutes les dérives démocratiques et aux atteintes aux principes républicains notamment d’égalité des chances et des libertés individuelles. Mais plus qu’un môle de résistance, le Mouvement Démocrate est une force de proposition, de construction, des compétences solides en réserve sur les questions économiques, le développement durable, la défense, l’agriculture…, des profils nouveaux issus de la vie civile, entrepreneurs et acteurs de la vie associative, comme Alain Dolium, des militants chaleureux, courageux et enthousiastes. Même si les circonstances sont difficiles, il n’y a aucune raison pour que ce mouvement ne s’épanouisse pas. Quels que soient les sondages, la bête bouge encore … Et les sondages ont toujours eu tort. A nous de les faire à nouveau mentir, si possible cette fois à notre avantage !

http://www.mediapart.fr/club/blog/marie-anne-kraft/200210/francois-bayrou-bouc-emissaire-des-econduits-du-modem-aux-regionales