Perag taùein bepred, pen dé er wirioné ?

28 février 2009

L'arrogance française

Je continue à parcourir les nombreux et intéressants ouvrages de Sylvie Goulard sur l'Europe, à commencer par "L'Europe pour les nuls", dans cette collection dont le titre ne me plaisait pas trop au début, mais que j'ai fini par apprécier grâce à plusieurs volumes très bien faits. Celui de Sylvie Goulard est très stimulant et mêle habilement les anecdotes à la description des institutions et à l'ancrage historique de la construction européenne. Je vous en recommande la lecture.
J'ai aussi retrouvé sur le site HISTOIRE@POLITIQUE un entretien avec Syvie Goulard datant de 2007, où j'ai paradoxalement apprécié la critique de l'arrogance française, arrogance que j'ai toujours ressentie avec gêne devant les autres Européens, me réfugiant à chaque fois derrière mon identité bretonne ! Voici le passage qui m'a plu (l'entretien date de 2007, mais on y reconnaîtra sans difficulté l'attitude désobligeante de Sarkozy face aux Tchèques il y a 3 semaines !) :

- La France est trop arrogante ?

Sylvie Goulard : Un peu. Je suis plus sévère pour la France, alors que d’autres pays ont aussi été des empêcheurs de tourner en rond, car elle a une prédilection pour des actions d’éclat, elle ne traîne pas discrètement des pieds, elle se pulvérise sur le mur européen : évoquons la crise de la CED, la conférence de presse du général de Gaulle de janvier 1963, la politique de la chaise vide, le rejet du traité constitutionnel en 2005. Ce comportement est d’autant plus choquant que la France est le pays qui affiche les objectifs les plus élevés. D’autres pays ne font pas grand-chose, mais ils sont entrés dans l’Europe avec peu d’ambition ; ce comportement n’est pas glorieux, mais il a le mérite d’être cohérent. Il suffit de regarder les discours, les mots qui reviennent avec continuité dans les discours français – ce que j’ai fait lorsque j’étais au Centre d’analyses et de prévision –, il s’agit de grandeur et de puissance… Je crois que les Français ont vécu sur une illusion, celle que l’Europe était une substitution à la grandeur perdue. Quel dommage d’avoir gaspillé notre capacité d’influence alors que nous avons toujours des choses à dire ! Le Belge Pierre Defraigne, qui fut le principal collaborateur de Pascal Lamy et est maintenant à la tête du think tank Eur-Ifri [12] , partage cet avis : il dit que l’Europe a toujours besoin de la France, d’un contrepoint à d’autres approches. Mais encore faut-il qu’elle joue un jeu collectif ! Ce que j’ai essayé de montrer, c’est que le mode de fonctionnement personnalisé et hiérarchisé du pouvoir en France se révèle un handicap à Bruxelles. La stratégie des Britanniques repose en grande partie sur leur formidable aptitude à jouer en collectif ; ceci vient, peut-être, de leur système éducatif qui encourage à participer à des équipes, dans lequel il est plus important d’être bon au cricket qu’en mathématiques ! Même si vous avez raison, à Bruxelles, il ne suffit pas d’affirmer, il faut convaincre…

- Que pensez-vous du volontarisme actuel de la France pour sortir l’Europe de l’impasse ?

Sylvie Goulard : Il a des aspects positifs. La France a été trop absente. Il faut rendre hommage à Nicolas Sarkozy de revenir dans le jeu européen, d’ouvrir les débats qui gênent. Mais si l’on veut que cela aboutisse, il ne faut pas donner l’impression aux autres pays qu’on détient « la » vérité sur laquelle ils doivent s’aligner. Par exemple, si l’on veut aborder avec l’Allemagne le problème du nucléaire que l’exécutif français juge indispensable dans la lutte contre les effets de serre, il faut comprendre les raisons de son hostilité, faire en sorte que le débat y ait lieu et tourne en notre faveur, y labourer le terrain de façon décentralisée, répondre aux questions pertinentes posées sur la gestion des déchets... Il faut convaincre les opinions publiques, faire de la « public diplomacy » c’est-à-dire toucher les milieux influents, y compris par exemple l’église protestante – ce type de relais généralement ignoré par les Français –, pour démontrer que le nucléaire est une bonne chose.

http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=03&rub=portraits

21 février 2009

La communauté de communes des 3 casinos

Alors que nous attendons les résultats de la Commission Balladur qui étaient annoncés pour fin février, un article du Figaro cite l'intercommunalité comme l'un des points clés de ce rapport :
« point clef du rapport, le renforcement des intercommunalités. «Ce sera le nouvel échelon fort de la réorganisation.» pronostique un proche du dossier. »

Ce sujet me tient à coeur dans le pays d'Auray où l'intercommunalité peine à se mettre en place alors même que c'est dans le Morbihan qu'a été fondée par Michel Guégan la 1ère communauté de communes de France. De malheureuses rivalités politiques font que le pays d'Auray qui regroupe 28 communes dans un ensemble historique, géographique et économique cohérent recouvre cependant 5 communautés de communes distinctes et 4 communes hors intercommunalité, alors que même certaines voudraient intégrer une communauté de communes mais en sont empêchées , au nom du principe de la continuité territoriale, par la frilosité ou l'entêtement de la commune voisine !
Et voici que Michel Grall, notre député UMP, qui est aussi maire UMP de Carnac, interrogé sur sa double casquette, proposait sans ambage dans le Ouest-France de samedi de regrouper les riches communes littorales en les isolant des communes de la terre, celles qui supportent la population permanente et financent tous les services liés : écoles, crèches, maisons de retraite...
Evidemment je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre, voici le texte de mon intervention :

Non à la Communauté de communes des 3 casinos

Communautés de communes et pays d'Auray
L'intercommunalité, dans le pays d'Auray comme ailleurs, a été désirée et mise en place dans un souci de mutualisation des moyens, c'est-à-dire dans un double souci d'efficacité et de solidarité, au service du territoire et des ses habitants. Des intérêts divergents se font encore parfois sentir et il y a parfois des tiraillements entre ville et communes rurales, entre terres et côte, nous devons régler ces problèmes ensemble et entre nous, par la discussion et les compromis. Nous avons besoin les uns des autres pour nous équiper et, entre Vannes et Lorient, face à Paris, le pays d'Auray n'a d'avenir possible que dans l'union.
Tourisme et loi littoral
Notre pays tire désormais une grande partie de sa richesse du tourisme mais c'est aussi ce qui fait sa fragilité. Les promoteurs et les investisseurs sont puissants et des particuliers fortunés sont prêts à tout, heureusement que la loi littoral nous protège, sans elle, nos côtes ressembleraient déjà à celles de la côte d'azur. Dénigrer la loi littoral au nom de l'emploi est à double tranchant : quand notre région aura été défigurée, quel attrait lui restera-t-il ? Ce n'est pas à des groupes industriels ou à des intérêts financiers de dicter notre développement économique et encore moins de spolier notre sous-sol marin. Nous avons d'autres atouts que la construction, d'autres sources d'emploi, et d'emploi mieux qualifié. Il faut développer un tourisme intelligent, respectueux de l'environnement et au service de la population autochtone.
Déséquilibre
Carnac, Quiberon, la Trinité comptent plus de résidences secondaires que d'habitations principales, les prix ont explosé et nos jeunes ne peuvent plus y acquérir de logement, les écoles se vident. En même temps on voit se dessiner une quatre voies jusqu'à la côte et des ronds-points pharaoniques saccageant le paysage et au détriment d'autres investissements, alors que cette route ne sert que deux mois dans l'année. Les saisonniers en revanche, obligés de loger à Brech, Pluvigner, Camors n'ont même pas eu cette année la possibilité d'emprunter le Tire-bouchon la dernière semaine d'août. Et l'hiver, plus de commerces ouverts sur la côte, volets fermés sur toutes les plages... Nous ne devons pas laisser s'accroître ce déséquilibre entre côte et terres, entre casinos rutilants et riches retraités d'un bord, écoles en algéco et salaires de misère de l'autre. Le pays d'Auray ne doit pas se réduire à un vivier de main d'oeuvre au service des touristes. Nous ne devons pas laisser se cacher sous un discours apparemment technique et réaliste, géographique ou économique, l'exclusion de toute une part de notre territoire et de notre population au profit d'une frange de privilégiés. L'histoire, la géographie, l'économie de notre pays, c'est à nous de l'écrire, nous ne devons pas subir mais anticiper et choisir notre développement.
Un développement solidaire
La politique ce n'est pas assister à la montée des inégalités et protéger les nantis, c'est oeuvrer pour l'harmonie sociale et accompagner l'ensemble du territoire et de ses habitants. Et le rôle du député au service de TOUTE sa circonscription, comme de TOUS les Français, devrait être d'aider à la mise en place de ces solidarités humaines et territoriales et non d'exclure et d'inciter à des développements séparés et contradictoires. Dans l'intérêt de tous, il faut à terme que le pays d'Auray corresponde à une seule communauté de communes, aux atouts complémentaires.
Décentralisation
C'est à nous de décider de notre avenir, mais pour cela il faut une vraie décentralisation, c'est-à-dire un partenariat avec l'Etat. L'Etat ne doit pas rééquilibrer son budget sur le dos des collectivités locales. Ainsi jusqu'à présent, et depuis Giscard d'Estaing, le Fond de Compensation de la TVA était bien considéré comme une compensation, c'était un prélèvement sur recettes. Dans la loi de finances 2009, il ne s'agit plus que d'une dotation comme une autre, comprise dans l'enveloppe normée. Evidemment les collectivités locales sont flouées et courent le risque de l'être de plus en plus. C'est tout le système des impôts qui est à repenser. Ainsi, puisqu'après tout les collectivités locales interviennent majoritairement dans l'aide à la personne (petite enfance, personnes âgées...), pourquoi ne pas tenir compte des revenus dans le calcul des impôts locaux ?
Voilà un domaine où les députés, conscients des problèmes qui se posent sur le terrain, pourraient agir utilement en contribuant à faire évoluer la loi. Leur rôle n'est-il pas de travailler à l'intérêt COMMUN des Français ?

Le site de Ouest-France propose depuis cette intervention un site où donner son point de vue :

http://www.ouest-france.fr/actu/forumLocal_-Vers-une-grande-intercommunalite-du-pays-d-Auray-_41180-829282----1_actu.Htm

14 février 2009

Nicolas contre les familles

Nicolas Sarkozy a annoncé aujourd'hui qu'il voulait raccourcir le congé parental. On comprend enfin pourquoi Rachida Dati a dû reprendre ses fonctions si rapidement après la naissance de sa petite fille.
Et Sarkozy ose prétendre qu'il le fait pour aider les mères, contre "l'hypocrisie du libre choix" : en effet, si on leur sucre les 100 à 500 euros d'alloc, elles ne pourront plus vivre, elles sont donc obligées de retravailler. Il suffit de les forcer à être libres ! Etre une femme libérée, ça a un coût !
Il prétend s'adresser surtout aux femmes sans qualification, c'est vrai les femmes qui ont fait des études soit ont un mari de même niveau social et professionnel et ont assez avec un seul salaire, soit font le choix de conserver un travail à la fois intéressant et lucratif, elles peuvent décider d'un mode de garde réellement adapté à leur vie.
Tandis qu'une ouvrière d'usine ou une caissière gagne un salaire de misère et a des horaires tellement impossibles que même au noir elle aura du mal à trouver une nourrice. Une fois les frais de route et de nourrice payés, il lui reste de son smic moins que les 500 euros du congé parental qu'elle a donc toutes les raisons de demander. Vous vous rendez compte du coût ? Un "immense gâchis" a décrété Sarkozy, qui vise pourtant à faire payer par les contribuables la scolarité de son petit Louis et de tous les enfants de Français scolarisés à l'étranger, pour entre 5000 et 15000 euros l'année, avec de misérables salaires parentaux d'un ou deux millions annuels, mais cela ne coûterait au contribuable que 713 millions d'euros par an (info Canard enchaîné)
Tandis que ces ouvrières tout de même ?
N'est-ce pas scandaleux ??? Une femme qui ose se consacrer à son enfant pour 500 euros payés par la société ??? Une mère qui prétend que son enfant n'est pas seulement le sien mais enrichira ensuite son pays et ses concitoyens ??? Une femme qui considère que son enfant sera plus équilibré si elle ne le lève pas à 5 heures tous les matins pour l'habiller en hâte et lui faire ingurgiter un biberon qu'il refuse parce qu'il ne rêve que de se rendormir dans ses bras ? N'est-ce pas une paresseuse celle qui a du mal à sortir dans le froid et à attacher rapidement dans la voiture le petit en larmes, une ridicule sentimentale celle qui aurait tant voulu l'allaiter au-delà des 2 mois, une maniaque celle qui pense que son enfant aurait été moins souvent malade s'il était resté à la maison, une rétrograde celle qui pense qu'un enfant élevé à la maison est plus calme, moins craintif et moins violent avec les autres enfants, une profiteuse celle qui voudrait prendre le temps de le tenir dans les bras, de lui parler, de "jouer" avec lui et qui se permet de penser qu'un enfant sécurisé petit sera un adolescent puis un adulte épanoui. Ne fait-elle pas partie des faibles, celle qui se sent fatiguée après une ou plusieurs grossesses, qui n'arrive pas à remonter, ni physiquement ni moralement et pour qui aller au travail en plus de gérer les enfants et la maison devient une épreuve quotidienne ?
A d'autres ! On ne la fait pas au petit père du peuple !
Et puis un enfant élevé ses 1ères années à la maison risque d'échapper au contrôle social et aux rapports sur la délinquance précoce, il ne faut pas laisser se développer un dangereux esprit d'indépendance et de liberté !
Allez, les femmes au turbin et leurs moufflets en collectivité.

Travaillez plus...

13 février 2009

La réforme des Universités

Les universités françaises doivent être réformées, on ne peut prétendre le contraire. Dans toute l'Europe, et ailleurs, il y a des universités prestigieuses dont les noms font rêver, et en France on semble n'accéder à l'université que par défaut. Ce n'est pas normal. Nous avons de bons chercheurs, de bons enseignants, de bons étudiants, de bonnes filières de formation mais sans reconnaissance et sans lisibilité. Il faut faciliter la promotion des grandes universités françaises.
Et pour cela je reste persuadée que l'autonomie est la meilleure des voies. Mais l'autonomie comprise comme une réelle décentralisation, comme un respect de la liberté, et non comme la dérégulation et l'arbitraire. Les présidents d'université doivent être totalement indépendants du pouvoir politique. Et le président d'université ne doit pas lui-même concentrer tous les pouvoirs. L'évaluation des enseignants-chercheur doit être proprement universitaire, académique et intellectuelle, et non comptable ou politique. On ne juge la qualité d'un travail aux capacités de flagornerie de son auteur ni au nombre de pages de ses publications !!!
Sarkozy trahit encore et toujours son manque de connaissance des enjeux en profondeur et son manque de hauteur. Alors pourquoi tient-il encore et toujours à s'exprimer et à décider ? Pourquoi tient-il à étaler son incompétence et à s'illustrer par ses propos offensants pour le monde de la recherche :
"... pardon, je ne veux pas être désagréable, à budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% en moins qu'un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l'on ne veut pas voir cela, je vous remercie d'être venu, il y a de la lumière, c'est chauffé... On peut continuer, on peut écrire..." Déclaration de ce 22 janvier.

Pour moi le fond du problème est le mépris personnel et assumé (j'allais dire "décomplexé, mais non justement, je pense que toute son attitude découle des complexes de l'ancien élève et de l'étudiant médiocre qu'il fut, il a des comptes à régler...), mépris de Sarkozy pour la recherche et la culture en général. Il peut admirer une forme d'intelligence, brillante, cynique, efficace, tueuse si possible, mais il est hermétique à tout esprit de réflexion, de sagesse, de maturation, d'approfondissement.
Sarkozy n'est pas un homme de culture, il n'accorde aucune valeur à l'intériorité, seuls l'intéressent la surface, l'apparat, le profit, la rentabilité, ce qui se voit, s'évalue, le clinquant.
On a l'impression qu'il n'a pas encore compris la différence entre budget de fonctionnement et budget d'investissement. Il n'est pas homme à bêcher l'hiver ou à bouturer patiemment, il préfère acheter des plants déjà hauts et les faire mettre en place à grands frais, tout dans la frime. Mais ces plants-là meurent plus souvent, dépérissent et se dégarnissent par le bas...

10 février 2009

Sylvie Goulard et la Turquie

Je me réjouis vraiment de voir Sylvie Goulard mener la liste MoDem dans notre région pour l'élection européenne. Je la connaissais peu avant qu'elle ne soit élue présidente du mouvement européen France. Je me souviens avoir alors interrogé François Goulard sur son blog parce que le nom me faisait craindre une trop grande sympathie avec l'UMP. Il m'avait expliqué, avec le retard qui lui est habituel, qu'elle était sa belle-soeur, mais j'avais mené mon enquête entre temps et j'avais remarqué combien elle était saluée de tous bords comme quelqu'un d'indépendant et de compétent.
Il ne lui reste plus qu'à prendre sa carte au Modem (et à convaincre son beau-frère dans la foulée) mais quoi qu'il en soit, je commence ma campagne avec elle et pour l'Europe.
Or l'un des points qui me satisfait chez elle prêtera sans doute à polémique.
Il s'agit de la position de la Turquie par rapport à l'Union européenne.
Sylvie Goulard avait accordé une interview sur ce sujet dans Questions internationales, La Turquie et l'Europe. Le numéro date de 2005 et sa position a peut-être évolué mais elle me satisfait pleinement et je me fais un plaisir de vous en retranscrire le début (il est possible de se procurer le numéro auprès de la Documentation française) Sylvie Goulard s'exprimait à la suite de Michel Rocard dont j'ai supprimé les interventions, ce qui explique qu'elle ne reprenne pas toujours directement les termes de la question posée :

Quelles sont, selon vous, les raisons qui poussent la Turquie à souhaiter devenir membre de l'Union européenne ?

Sylvie Goulard – Les Turcs se sentent européens et aspirent à nous rejoindre, c’est indéniable ; mais nos dirigeants les ont encouragés en leur donnant de faux espoirs depuis quarante ans. Ils ont nié la géographie, passant outre le fait que 97 % du territoire turc est en Asie, comme 89 % de sa population.


QI – Quelles sont alors, selon vous, les raisons qui conduisent certains à rejeter cette candidature ?

Sylvie Goulard – Ma position est au contraire très pro-européenne ; elle n’est pas fondée sur la peur mais sur ma conviction que nous devons conserver une ambition politique pour l’Union européenne. D’où mes quatre raisons de rejeter ce projet :
– la Turquie n’est pas en Europe ; or nous ne pouvons plus éluder la question des frontières ; c’est nécessaire à la cohésion interne de l’Union européenne ;
– les citoyens n’ont pas été associés au processus de décision et y sont défavorables ou, du moins, s’interrogent ; or on ne peut pas faire l’Union de force, contre la volonté des peuples ;
– l’Union n’a pas des institutions conçues pour accueillir un pays aussi grand, aussi peuplé et différent ;
– les États favorables à sa candidature veulent réduire le budget, or une stabilisation durable de la zone exigerait des sommes considérables. Bref, dans ces conditions, cela ne «marchera pas».


QI – Quels problèmes entraîne à vos yeux la participation à l’Union d’un État dont la population est à majorité musulmane ?

Sylvie Goulard – Aucun directement, l’Union européenne n’étant pas confessionnelle et ne devant pas l’être, mais il ne faut pas croire non plus que l’hétérogénéité ne complique pas les choses. L’Union repose sur la confiance qui est lente à naître quand on se connaît mal et qu’on ne partage pas la même histoire longue. Sans parler des questions liées au statut des femmes, à la laïcité, qui ne sont pas mineures dans des démocraties modernes tendant à établir l’égalité des droits. Accepter que les femmes portent un voile y compris dans la sphère publique, c’est placer une certaine conception de la liberté religieuse au-dessus d’autres principes fondamentaux, parmi lesquels l’égalité hommes/femmes. Pour moi, c’est un recul par rapport à la Déclaration de 1789. Or la laïcité, traditionnellement portée par le kémalisme, pourrait être affaiblie par l’entrée de ce pays dans l’Union européenne. Même le journal pro-turc Financial Times a exprimé des doutes (édition du 4 décembre 2004) et le Premier ministre R. C. Erdoğan a affirmé avoir envoyé ses filles aux États-Unis parce qu’elles ont la « liberté d’être voilées ». Peut-on voir en lui un garant de la laïcité ?

QI – Considérez-vous le fait que l’Union deviendrait frontalière de pays comme l’Arménie, l’Iran, l’Irak, la Syrie serait pour elle un avantage ou un inconvénient ?


Sylvie Goulard – Un inconvénient majeur : nous ne serions plus des tiers pouvant offrir leurs bons services mais partie prenante. Or la Turquie a eu des rapports difficiles avec certains voisins et a encore un conflit ouvert avec l’Arménie ou l’Irak à propos du Kurdistan. Elle contrôle l’eau de la région.

08 février 2009

La lassitude du Blogueur de fond...

Quitterie Delmas quitte le navire.
J'avais remarqué son absence depuis quelque temps et il était déjà évident qu'il ne s'agissait pas de la lassitude commune à ceux (et surtout celles) qui se sont battu(e)s sur leur temps libre, ce qui veut dire sur le blog de minuit à 2 heures du matin, une fois la journée de travail finie, les courses faites, le repas préparé, tous les enfants couchés, la réunion de section ou le conseil municipal rondement menés, la vaisselle faite, le linge repassé, les quotidiens locaux et nationaux épluchés, l'article pour le journal local rédigé et expédié, et le réveil remonté pour sonner à 6h30...
Ajoutez à cela les coups bas, on s'attendait à ceux de l'UMP mais on est toujours mal préparé à ceux de ses anciens "amis", et pourtant rien de plus perfide que la hargne de ceux qui ont trahi et n'auront plus de cesse que d'avoir abattu les fidèles qui, en tenant bon, leur rappellent leur forfaiture.
C'est vrai qu'il faut du temps pour s'endurcir, parfois pour panser ses plaies, et puis pour repenser à la raison de son engagement. Après tout la vie est courte, les enfants grandissent et on aimerait aussi prendre du repos et des loisirs.
Alors justement, sur quoi reposait-il cet engagement ?
Pour ma part, j'ai adhéré en 2002, au moment de la 1ère débandade, parce que j'avais admiré Bayrou et que je voulais le soutenir. Enfin un qui a du cran et qui n'ira pas lécher les bottes de l'UMP. Il était Béarnais mais il aurait pu être Breton.
Puis sur la liste des régionales, l'expérience d'une campagne, la découverte en direct de l'absence de scrupules de l'UMP, puis la création d'une section et à nouveau les bâtons dans les roues, l'amitié d'une équipe qu'on monte peu à peu, enfin l'euphorie de la campagne présidentielle, dans la foulée la candidature aux législatives par fidélité envers Bayrou et envers les militants, la surprise des 1ères pressions directes, l'étonnement de tenir bon, un score honorable, et en avant pour les municipales, en continuant à étoffer l'équipe, seule liste modem indépendante du Morbihan et plus de 10% des voix, encore une fois malgré les coups bas.
Et pourtant des doutes malgré tout, liés à la fatigue, aux sacrifices (le petit dernier vient d'avoir 3 ans, il ne les aura jamais plus et on n'en a pas tout vu) et liés à cette auto-flagellation permanente d'un parti qui semble se complaire dans l'invective.
Et on assiste aux départs des uns et des autres, commentés par la presse, par nos nouveaux amis de l'UMPS et nos anciens du Nouveau Centre, et relayés à qui mieux mieux par des blogs vengeurs et masqués... Qui sont-ils ceux qui s'en vont, et pourquoi continuent-ils à s'en aller ?
Parmi ceux qui ont quitté le navire depuis la présidentielle, outre ceux qui ne s'étaient officiellement embarqués que le temps de la campagne, et ceux-là voteront à nouveau Bayrou en 2012, d'ailleurs ils ne prennent aucune part aux querelles qui agitent depuis le marigot, heureusement pour eux ! Outre ceux-là donc, nous avons eu les défections, prévisibles et parfois même compréhensibles, sur le mode de celles de 2002, de tous ceux qui ont voulu préserver leur siège, et mal leur en a pris parfois, puisque nombre de ceux qui n'ont pas voulu déplaire à leur supposé électorat "de droite" ont été boulés par leur nouvel électorat "de gauche", et ont fait élire un socialiste... Nous avons eu dans la foulée les défections d'anciens adhérents ex CDS (et pourtant j'en étais) pour qui la grande aventure avait été la campagne de Giscard (ça, je n'en étais quand même pas, ça remonte quand même à loin, même si on est toujours jeune tant qu'on s'intéresse, je sais). Mais les nouveaux jeunes les ont inquiétés, on peut les comprendre, et de toute façon eux non plus ne pourront tout de même pas voter Sarko !
Et puis nous avons les 2 vagues qui ont renfloué l'UDF en 2007 et qui nous ont un moment fait espérer la victoire : ce sont d'une part tous les enthousiastes de bonne foi (que d'aucuns appellent les bisounours, bien que leurs rangs ne comportent pas seulement des naïfs incultes), ceux-là n'ont pas ménagé leur peine, ni sur les marchés, ni sur les blogs, ni dans les réunions et élections internes, où ils ont d'ailleurs mis à contribution la peine et la patience des autres !
Et d'autre part les opportunistes de tout poil qui ont flairé une ouverture possible, du conseil municipal au parlement européen, de l'aigri local au sympathique Azouz Begag. Beaucoup d'ailleurs font partie des deux sous-groupes : à la fois sympathisants et pas hostiles à l'idée de faire carrière.
Tous ceux-là, les bisounours comme les opportunistes, tombent depuis, les uns après les autres, mais plus ou moins vite, et certains ont tout leur temps, n'ayant pas d'autre os à ronger. Le temps fait son oeuvre certes et on peut se dire que parmi ceux qui ont tenu jusqu'à aujourd'hui, la plupart résisteront jusqu'au bout, même si ce jeune et sympathique Mouvement Démocrate adore quand ça tangue et rajoute à plaisir, quand la houle n'est pas assez forte, des petites élections internes sanguinaires et autres consultations démocratiques bidon propres à décourager les plus accro.
Mais il reste difficile de faire la part, dans nos rangs, entre les fidèles et ceux qui attendent leur heure. Les cyniques disent et les umpistes croient qu'il y a forcément un prix où un fidèle est achetable. L'argent ne fait pas tout, surtout au Modem ! Mais l'ambition, l'amour-propre comptent aussi. Et nombreux sont ceux qui savent jouer des déceptions, justifiées ou non.
Je peux témoigner que c'est grisant d'avoir vu une équipe et un réseau se constituer autour de soi, de se rendre compte qu'on exerce un charisme auprès de nombreuses personnes qu'on respecte et qu'on n'aurait jamais imaginées nous soutenant, c'est valorisant de se rendre compte que même des adversaires vous craignent et sont obligés de composer, alors ajoutez à cela un peu de notoriété médiatique et parisienne, les flagorneries qui s'ensuivront et l'on peut imaginer que les chevilles enflent...
C'est tout à l'honneur de Quitterie d'avoir senti le vertige et d'avoir préféré prendre du recul. Je la salue.
En même temps, je n'approuve pas la plupart des commentateurs qui louent sa décision sur son blog. Qu'ils lui fassent part de leur amitié, oui, mais qu'ils discréditent l'engagement politique et le combat du MoDem, non.
Il faut savoir si on est personnellement capable de s'engager en politique ou si l'on préfère enrichir le débat à partir de la société civile, les deux sont nécessaires. Mais les deux sont aussi interdépendants et interactifs et il importe qu'aucun de ces moyens d'influence et d'action ne disqualifie l'autre, ni par mépris, ni par dépit. Il y a des agitateurs d'idées vains et boursouflés dans les associations comme en politique, mais il y a aussi, comme dans les mouvements citoyens, des personnalités honnêtes et généreuses en politique, même si le chemin est sans doute davantage parsemé d'embûches pour ces derniers, preuve s'il en était, puisqu'ils sont craints, que leur combat peut être d'une réelle efficacité et donc d'une réelle utilité pour la société. La différence est parfois ténue entre compromis et compromission et les parlementaires ne vieillissent pas toujours au mieux je l'admets. Mais les puissants ne s'en prennent pas aux moulins à vent, et si l'on s'en prend tant à Bayrou, c'est qu'il représente plus que des effets de manche.

Pour ma part, sans avoir la prétention de me frotter aux Parisiennes, je reprends mon blog et mon engagement politique.

06 février 2009

Alternative libérale

J'ai repensé ces jours-ci aux diverses définitions qu'on donne et qu'on entend à propos du libéralisme, souvent compris (ou incompris ?) alternativement comme un gros mot ou comme la solution miracle. Et je me suis souvenu d'un texte que j'avais trouvé lumineux à l'époque, écrit par Xavier Châtellier, représentant breton du Parti français Alternative libérale dont le représentant national, Edouard Fillias, n'avait pas pu obtenir les 500 signatures nécessaires à sa candidature à l'élection présidentielle et avait décidé de soutenir François Bayrou. Xavier Châtellier avait participé au mouvement "la Bretagne avec Bayrou" ( http://bayrou.bretagne.free.fr ) et avait rédigé la contribution suivante, que je trouve encore aujourd'hui parfaitement d'actualité :

ALTERNATIVE LIBERALE

Alternative Libérale est le seul parti en France à défendre ouvertement et avec cohérence les valeurs de liberté et de responsabilité du libéralisme, qui ont si bien fait leurs preuves dans nombre d'autres pays, tels que le Canada ou la Nouvelle-Zélande. Notre candidat à la Présidentielle, Edouard Fillias, n'a malheureusement pas pu obtenir les 500 signatures. Nous avons donc décidé de soutenir François Bayrou. En effet, il nous semble que François Bayrou incarne le mieux le vrai changement dont la société française a besoin, notamment pour les raisons suivantes :

L'Europe

Dans un contexte de plus en plus mondialisé et pour continuer à garantir paix et prospérité à chacun d'entre nous, nous pensons que l'Europe est une nécessité d'une part, et l'échelle à laquelle la France peut continuer à exister en tant que grande puissance. François Bayrou est le seul des candidats à prendre position en faveur de l'Europe sans ambiguïté. Il se place en ce sens en phase avec la société bretonne, qui a su rejeter les peurs et les tentations de repli sur soi lors du référendum sur l'Europe.

Pour une réforme de l'Etat

La réduction de la dette

Après bientôt trente années de déficits budgétaires systématiques, il est essentiel de réformer l'Etat et de le rendre plus efficace. A nouveau, François Bayrou est le seul à prendre un engagement ferme pour enfin mettre fin aux déficits et commencer à réduire la dette, qui finira par mener le pays à l'implosion si elle n'est pas enfin contrôlée.

La simplification administrative

La réforme de l'Etat passe par une refonte profonde de ses structures. Il est temps de simplifier l'Etat plutôt que de continuer à le complexifier sans cesse. La suppression des départements ou du moins la réunion de leurs administrations avec celles des régions est un pas en ce sens proposé par le programme de François Bayrou, et aussi soutenu par Alternative Libérale.

La décentralisation

La liberté défendue par les libéraux, c'est avant tout celle des personnes à s'autogérer, au niveau individuel ou alors à l'échelon le plus décentralisé possible. Alternative Libérale est donc en faveur de la décentralisation. Sur la base d'un référendum les approuvant, notre parti approuve la formation de régions correspondant à de véritables ensembles ayant une cohérence culturelle, historique, et territoriale. Le retour à une région Bretagne plus autonome et englobant la Loire-Atlantique pourrait en être un exemple.

Des réformes démocratiques

Les crispations qui agitent notre pays depuis des années à la moindre tentative de réforme sont un signe du mauvais fonctionnement de notre démocratie, où toutes les décisions sont prises par un gouvernement non élu qui traite le Parlement comme une chambre de ratification. Nous pensons que la démocratie doit être réformée en profondeur. Le Parlement doit représenter de façon proportionnelle les sensibilités politiques présentes dans le pays, et détenir le vrai pouvoir législatif. Les élus doivent se consacrer pleinement à leur travail sans cumuler de mandats. Et la justice doit avoir les moyens et l'indépendance pour remplir son rôle de contre-pouvoir et d'arbitre.

Le choix de François Bayrou

Bien que François Bayrou ne soit pas libéral par bien des côtés, nous pensons que les socialistes et les conservateurs qui monopolisent le pouvoir depuis des décennies ont trop de fois fait la preuve de leur incapacité à réformer le pays. François Bayrou incarne aujourd'hui le seul espoir du pays de se réformer sur des bases à la fois profondes et raisonnables et d'offrir à la France et à la Bretagne un avenir plus démocratique et porteur de plus d'espoir.

Xavier Châtellier

Alternative Libérale est sur www.alternative-liberale.fr

05 février 2009

Libéralisme

Me voilà donc "taguée", moi qui fulminais jusque récemment contre ces chaînes d'autopromotion qui parasitent les blogs et où je me sens aujourd'hui flattée d'avoir été intégrée. "Ces raisins sont trop verts !"
Je vais donc essayer de définir ma vision du libéralisme.
Je me sens paradoxalement libérale par anti-capitalisme puisque capitalisme et collectivisme sont à mon avis deux formes de totalitarisme.
Ma définition du libéralisme part de celle de la liberté qui est pour moi avant tout philosophique et morale, je dirais même spirituelle.
Pour moi la liberté de tout être humain est inaliénable, elle est ontologique, et sont donc illégitimes tous les systèmes qui ne respectent pas cette liberté, quand bien même ils l'auraient négociée par contrat !
Pour moi le libéralisme économique est uniquement pratique : je considère l'économie locale ou mondiale sur le modèle de la famille où l'on ne bride pas les initiatives des uns ou des autres ni la saine émulation mais où l'on veille à ce que les plus faibles, les anciens, les enfants, les malades, les handicapés ou tout simplement ceux qui sont moins rapides, moins débrouillards ou moins adaptés aux normes ne soient pas sacrifiés. Chacun participe en fonction de ses moyens mais tous ont à manger. De la même façon, l'ingéniosité humaine est en mesure de subvenir largement aux besoins de l'humanité aujourd'hui. Or la terre est à tous et personne n'a le droit de s'en approprier l'exploitation à son seul profit. Nous sommes co-responsables de la terre et de ses habitants.
Le libéralisme devient une idéologie à combattre quand il prétend exiger une liberté absolue au nom du seul profit économique et donc au seul profit des individus aptes à en bénéficier : les plus riches, les plus forts, les plus rusés, les bien-portants, ceux qui considèrent qu'ils ne connaîtront jamais les défaillances et que ceux qui ne réussissent pas sont des paresseux, des faibles, des profiteurs, des parasites...
Pour moi la crise dont nous subissons actuellement l'un des soubresauts n'est pas seulement économique mais plus largement sociale, morale et, j'y reviens, spirituelle : elle est liée à la montée de l'individualisme qui s'est peu à peu substitué à la solidarité des corps qui soutenait la société jusque récemment.
Les libertés individuelles étaient sans aucun doute restreintes dans les systèmes traditionnels de la famille, du village, du compagnonnage, etc. mais elles l'étaient au profit d'une solidarité qui protégeait les plus faibles, comme les femmes avec des enfants en bas âge, les personnes inaptes au travail... On n'y parlait pas d'égalité, car l'égalité n'existe pas en réalité. Mais on y appliquait une forme d'équité.
Non à l'individualisme et au capitalisme donc quand il fait de l'homme une matière première, quand il substitue l'avoir à l'être, quand la quête du profit supplante l'intérêt de l'homme.
Mais non au marxisme et au totalitarisme quand il nie la liberté et la dimension intérieure de la personne et quand il prétend faire le bonheur des hommes malgré eux et leur imposer un système par la force.

Alors liberté plutôt que libéralisme, car je n'aime décidément pas les -ismes. Ou alors libéralisme social ? Ou plutôt démocratie sociale...

Et s'il faut taguer à nouveau, pourquoi pas d'anciens compagnons de route de 2007, ou du moins ceux d'entre eux qui ont eu le courage d'entretenir depuis leur blog, contre vents et marées :
Antoine Vieillard http://antoinevielliard.hautetfort.com/
Christine Delecroix http://christinedelecroix.hautetfort.com/
Antonio Duarte http://duarte.over-blog.com/