Perag taùein bepred, pen dé er wirioné ?

28 juin 2009

Pour le PS, quatre défaites et un enterrement, par Bernard Poignant

Bernard Poignant, maire PS de Quimper et ancien parlementaire européen, signe pour le Monde un article que je trouve intéressant et qui rejoint à peu près mon analyse de l'évolution politique actuelle en France. Je le livre donc à votre réflexion :


Les partis sont mortels, comme les civilisations, pour plagier Paul Valéry. Le Parti communiste a sombré corps et âme dans le rejet du totalitarisme. Le trotskisme tente de prolonger l'histoire, mais les peuples sont intelligents : l'échec de Lénine et de Staline ne fait pas la victoire de Trotski. C'est un trio à mettre dans le même sac. Le Parti radical survit tant bien que mal, réparti entre la gauche et la droite dans l'épuisement de son programme : il a donné le meilleur de lui-même à la République.

Sa mission est donc terminée. Il y a des réussites qui aboutissent à des disparitions. La Démocratie chrétienne, incarnée par le Mouvement républicain populaire, puis par les divers centres démocrates, s'éteint doucement au rythme de la désertion des églises et des séminaires. Le gaullisme s'éloigne dans l'esprit des Français. De Gaulle est venu deux fois en sauveur : pendant la seconde guerre mondiale pour résister puis libérer le pays ; pendant la guerre d'Algérie pour sortir la France de ce bourbier. Ce temps est lointain et relève de l'histoire au lycée.

Et s'il arrivait le même sort au socialisme démocratique ? Il est né au XIXe siècle, qui lui a donné une figure emblématique : Jean Jaurès. Les Français lui ont accordé cinq victoires politiques : 1936, 1956, 1981, 1988, 1997. Depuis, plus rien, sauf les succès locaux. Pourquoi ?

L'échec historique du communisme a cru signifier le grand succès du socialisme. La crise actuelle du capitalisme devait signer le grand retour de la social-démocratie. Il n'en est rien : ni dans un cas ni dans l'autre. Les Français considèrent-ils que le socialisme démocratique leur a apporté tout ce qu'il pouvait donner ? Il a réduit le temps de travail, donné des congés payés, abaissé l'âge de départ à la retraite. Toutes choses acquises aujourd'hui et plutôt à défendre qu'à accentuer. Il a étendu les libertés, aboli la peine de mort, obligé la parité. Sur ce terrain, qu'attend-on de plus ? Les socialistes seraient-ils alors comme les radicaux : au bout de leur rouleau ? !

Les Français considèrent-ils que le socialisme démocratique est inadapté à la nouvelle configuration du monde ? Finalement, il ne serait ni utile ni efficace dans le cadre de la mondialisation, peu lisible dans ses initiatives européennes. Les socialistes seraient donc aussi comme les communistes : arrivés à terme ! L'histoire récente du parti plaide pour une issue pessimiste : éliminé du second tour de l'élection présidentielle en 2002, profondément divisé sur l'Europe en 2004 et 2005, éloigné par sa candidate à l'élection présidentielle en 2007, qui vivait son parti comme un handicap dans sa campagne, écartelé dans un congrès de Reims qui se conclut par un échec et une désignation contestée de sa première secrétaire, malmené par ses courants au point d'en faire le maître d'oeuvre de ses listes pour le Parlement européen, défait aux élections européennes du 7 juin, quel Français peut lui faire confiance et lui confier les destinées de son pays ? C'est normal qu'il y regarde à deux fois.

Quelqu'un a bien compris cette situation, et attend que le fruit soit suffisamment mûr pour le cueillir : François Bayrou. Ne le croyons pas encore éliminé pour 2012 après son dernier insuccès. Si le Parti socialiste n'incarne pas ou incarne mal l'aspiration sociale-démocrate rénovée des Français, le MoDem peut servir de parti d'accueil pour une présidentielle, comme les écologistes pour les européennes. Après tout, François Bayrou s'inspire de grands précédents : Jean Jaurès, Léon Blum et François Mitterrand n'ont pas rencontré le socialisme dans leur berceau. Ils l'ont rejoint, ils l'ont rencontré, ils l'ont conquis. Le président du MoDem cherche à les imiter. Il faut donc accepter dès maintenant de l'interpeller sur sa propre stratégie et accepter de vérifier points d'accord et de désaccord. Car François Bayrou est un chef national sans troupes locales. Le PS a des troupes locales à travers son réseau d'élus, il n'a pas de chef national reconnu et crédible. La gauche rassemblée doit elle aussi comprendre cette nécessité si elle espère l'alternance en 2012.

Que peut apporter le socialisme démocratique à la société ? Son rendez-vous avec le peuple sera 2012. La crise sera-t-elle terminée ? Qui peut le prédire ? Ce qui est sûr, c'est une France endettée comme jamais, des déficits publics sans doute abyssaux, un commerce extérieur peu florissant, un chômage toujours haut. Le socialisme démocratique ne pourra se montrer distributeur comme si tout allait bien. S'il se met à épouser toutes les protestations et à accompagner toutes les revendications, il n'aura aucune crédibilité. Les Français ne sont pas stupides. Chacun a compris qu'il faut changer mode de vie et mode de consommation. La mission des sociaux-démocrates est de participer à ce changement en l'accompagnant de la réduction des inégalités. C'est cette nouvelle façon de vivre qu'il nous revient de définir.

Le PS doit donc se donner cet objectif : réduire ces inégalités entre les Français, qu'elles soient de revenus ou de patrimoine, issues du travail ou du capital. C'est un effort qui demandera du courage pour celui ou celle qui portera les couleurs de ce socialisme-là, et de la cohérence dans ses propositions. Cela supposera de s'atteler à la question fiscale pour lui redonner plus de justice. Il ne faudra pas craindre de revoir l'impôt sur les successions, car si un patrimoine prend de la valeur par la seule mécanique du marché et non du travail, il n'est pas anormal que la société s'en trouve bénéficiaire. Il faudra oser dire qu'à part les allocataires des minima sociaux tout le monde doit payer des impôts sur le revenu. Il y va du contrat civique entre les Français. Dans ce cas, les niches fiscales doivent être traquées, les stock-options taxées... L'appât du gain ne peut pas être le seul moteur de la vie, et il y a forcément des limites aux rémunérations des dirigeants. Le travail doit être récompensé, le mérite reconnu, la rente combattue, l'excès d'argent condamné.

Le socialisme démocratique évolue dans la tension entre la liberté et l'égalité. Cette dernière est mise à mal depuis plusieurs années. Si les socialistes ne réduisent pas les inégalités, à quoi servent-ils ? Il ne manque pas de citoyens compétents et intelligents pour diriger le pays en dehors du Parti socialiste. Si un parti, comme structure d'organisation, ne répond pas à ce pour quoi il est fait, il peut mourir, au moins s'étioler, agoniser lentement. Au PS de s'en inquiéter. Lui-même peut disparaître même si le socialisme démocratique restera toujours une aspiration de millions de Français.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/06/26/pour-le-ps-quatre-defaites-et-un-enterrement-par-bernard-poignant_1211882_3232.html

21 juin 2009

Les Affaires Maritimes en Bretagne

Jean-Yves Le Drian, président du Conseil Régional de Bretagne a fait paraître hier un communiqué de presse dénonçant la suppression de la direction des Affaires maritimes de Bretagne. J'y souscris et je le reproduis :

RENNES/ROAZHON — “Je viens d'apprendre avec stupéfaction que le Gouvernement a décidé de supprimer la Direction des Affaires Maritimes en Bretagne. La première région maritime française, représentant un tiers du littoral français avec plus de 2.700 km de côte, perdrait ainsi totalement la maîtrise de ses affaires maritimes.

“Cette décision invraisemblable revient à nier la nature même de la Bretagne. Pour 75 % des Bretons, la mer est en effet le premier atout de la région : 100.000 emplois en dépendent, et 95 % de la population vit à moins de 60 kilomètres de la côte. Même pour les visiteurs de la Bretagne, c'est bien la mer qui est le plus souvent associée à l'image de notre territoire.”

“Nier la nature maritime de la Bretagne, c'est nier l'évidence. La Bretagne c'est un patrimoine maritime naturel et historique exceptionnel. C'est plus de 40 % de la pêche française. C'est la moitié des inscrits à l'ENIM. C'est la région du nautisme et de la course au large par excellence. C'est le rail d'Ouessant, l'un des passages maritimes le plus fréquenté au monde, avec tout ce que cela implique en terme de sécurité et d'environnement.”

“Pour la Bretagne, la mer c'est aussi l'avenir. Les perspectives d'innovation et de développement dans le domaine maritime sont immenses, dans des secteurs aussi porteurs que l'énergie, les biotechnologies, ou l'alimentation pour ne citer que quelques exemples. En désengageant l'État de notre territoire, le gouvernement montre tout le mépris qu'il ressent à l'égard de l'aspiration des Bretons à vivre et prospérer grâce à la mer et au littoral.”

“Cette décision est d'autant plus incompréhensible que se tient actuellement le Grenelle de la mer. Il était pourtant censé être le lieu de la concertation qui aurait dû aboutir à des propositions pour une nouvelle gouvernance maritime. J'ai bien peur qu'il ne s'agisse une fois de plus que d'une concertation factice et jouée d'avance qui ne servira qu'à cautionner des décisions prises en petit comité par le Gouvernement.”

“La suppression de la Direction des Affaires Maritimes en Bretagne est tout simplement inacceptable pour les Bretons. Je ne veux pas croire que le gouvernement ne puisse pas revenir sur cette décision injuste, méprisante pour les gens de mer, et prise en dépit du bon sens. En tant que Président du Conseil régional, je demande le retrait immédiat de ce projet et la mise en place d'une véritable concertation.”

Jean-Yves Le Drian, président du Conseil régional de Bretagne ■

03 juin 2009

Offre de covoiturage Saint-Brieuc - Strasbourg

Dimanche prochain, le maire de Saint-Brieuc, Bruno Joncour, et son premier adjoint, Alain Cadec seront élus députés européens (1).
Bruno Joncour est maire et conseiller régional.
Alain Cadec est adjoint au maire et conseiller général.
Tous deux devront abandonner un mandat.

A Saint-Brieuc, il faudra réorganiser un peu le conseil.
Bien sûr, il faudra que Bruno Joncour reste conseiller régional et député européen, une voix de la Bretagne en Europe, une voix de l'Europe en Bretagne. Mais pourra-t-il laisser la place de maire à son premier adjoint Alain Cadec ? Ce serait dommage que la seule "grande" ville bretonne avec un maire MoDem passe à l'UMP. Si l'on considère de plus qu'Alain Cadec a été placé par l'Elysée sur la liste UMP pour prendre des voix à son maire de la liste MoDem (rivalité Bayrou/Sarkozy), ce serait une grande vexation pour Bruno Joncour que de le voir prendre sa place à Saint-Brieuc. Donc à un autre adjoint, ou à personne, on ne sait pas. Le plus sain serait sans doute que les deux abandonnent leur mandat municipal.
A Saint-Brieuc comme à Vannes, le MoDem ne s'est pas présenté aux dernières législatives, favorisant ainsi un candidat de l'UMP jugé compatible avec ses idées (Alain Cadec à Saint-Brieuc, François Goulard à Vannes). Mais le temps a passé - le temps passe toujours -et l'union locale en Bretagne a été mise à mal par l'UMP à Paris.
La morale de cette histoire est qu'on ne construit pas de carrière politique en se baladant d'un poste de conseiller général à une élection législative en passant par une mairie, un conseil régional, ou Strasbourg, pour finalement devoir finir par quitter sa ville. Un peu de constance, un peu moins de stratégie parisienne, un peu plus de libertés locales devraient aider les électeurs bretons à faire des choix politiques en conscience, et en toute indépendance. Les arrangements d'hier sont les ennuis d'aujourd'hui.

Bruno Joncour et Alain Cadec prendront-ils le train ensemble pour Strasbourg ? Probablement pas. Mais je peux aller les prendre en voiture à Saint-Brieuc. Nous ferons les 927 kilomètres vers Strasbourg en neuf heures. Et nous évaluerons ensemble si la politique française peut réellement mettre à mal la relation que les Bretons souhaitent conserver avec l'Europe.

Pour terminer, une précision. Les jeux ne sont pas totalement faits.
Pour notre liste "Démocrates pour l'Europe", 15% c'est bon (2 élus) mais 12% c'est moins bon (1 élue).
Alors le 9 mars on vote tous pour Sylvie Goulard et Bruno Joncour.

(1) Les autres élus : Christophe Béchu, Stéphane Le Foll, Sylvie
Goulard, Yannick Jadot, Elisabeth Morin, Isabelle Thomas, Bernadette
Vergnaud