Quelques personnes, dont Patricia, m'ont demandé de m'exprimer à l'occasion de la journée des femmes. Je m'exécute, en prenant le risque de décevoir, mais c'est le défi que j'ai relevé en reprenant ce blog : j'ai décidé de ne plus me taire prudemment sur les sujets épineux, j'ai décidé d'assumer ce que je pense, quitte à le soumettre à la discussion et à accepter d'évoluer. Mais je rejette par dessus tout ce "politiquement correct" qui est de mise dans tous les domaines aujourd'hui.
Je n'aime pas trop le principe des journées accordées à une grande cause car la solidarité devrait être de tous les jours, même s'il est évident que c'est l'occasion pour certaines maladies de faire parler d'elles et de récolter des fonds. Mais est-ce un handicap que d'être femme ? Je n'aime pas non plus ni la fête des mères, ni celle des pères, encore moins celle des grands-mères, ce sont à mon avis des jours où trop de personnes, enfants ou anciens, ressentent encore plus cruellement l'absence, le deuil et la solitude. Seul le 11 novembre m'a toujours paru justifié pour tous et continue à me rendre triste et songeuse, année après année, et c'est la raison pour laquelle je pense qu'il faut continuer à y associer les enfants ; pourtant on parle de supprimer le 11 novembre. Non vraiment, je ne me sens pas en phase avec les commémorations et diverses célébrations actuellement à l'honneur, fruits de lobbies et de lubies plus ou moins honorables.
D'ailleurs pourquoi pas une journée de l'homme ? Est-ce parce qu'il en a 364 ?
Je suis née après les grands combats féministes, je ne sais pas si j'y aurais pris part. Bien sûr je récrimine tous les jours contre l'injustice du sort et surtout contre mon mari à propos de la vaisselle, de la lessive, du repassage, des rendez-vous avec les profs ou chez le dentiste, des courses et du jardinage, et je peste contre la télé, le foot et les réunions à l'heure du repas.
Bien sûr j'ai fait autant d'études que mes frères et je sais faire la vidange de ma voiture.
Bien sûr je revendique le droit de vote et celui de me présenter aux élections et j'ai donné de ma personne en ce domaine. Bien sûr je considère et je répète à mes élèves année après année, que les femmes doivent être en mesure de travailler, qu'elles doivent être payées autant qu'un homme à travail équivalent et qu'elles doivent disposer librement de leur salaire. Je leur dis aussi, et je le leur dis devant les garçons, qu'elles ne doivent et ne devront jamais accepter d'être frappées, insultées ou traitées sans respect ni par leur mari ni par aucun homme et que pour cela elles doivent toujours être en mesure de reprendre leur liberté, quitte à faire momentanément appel à un tiers.
Mais tout de même, je suis loin d'être convaincue que les revendications "féministes" soient toutes à mon, à notre avantage et j'irais jusqu'à dire que la vie que je mène et que mènent aujourd'hui mes anciennes camarades de l'école primaire est beaucoup plus difficile, malgré les progrès technologiques, que celle que menaient nos mères.
On nous parle du droit de travailler : pour la plupart d'entre nous c'est une obligation. Moi-même, et combien de mes anciennes camarades, nous aurions préféré rester à la maison et avoir le temps d'élever nos enfants à notre idée. Mais qui peut vivre avec un seul salaire aujourd'hui ? Alors que c'était possible pour nos mères. Effet induit du combat féministe ou manipulation par le système économique de revendications mal exprimées ?
La liberté qu'offre la cantine ? C'est une nécessité subie et mal vécue.
On nous parle du choix de garde des enfants : il est contraint. D'ailleurs Sarkozy veut aujourd'hui imposer 4 enfants par nourrice, mesure économique magique, immédiate et gratuite... Est-ce pour libérer les femmes ou pour fournir des ouvrières ?
Au nom de l'égalité avec les hommes, on supprime l'interdiction du travail la nuit pour les femmes. Pour quelle femme est-ce une victoire que cette égalité ?
Au nom de l'égalité homme-femme et parce que des hommes ont voulu en profiter, on risque de ne plus prendre en compte dans le calcul de la retraite les mois consacrés aux maternités.
Puisqu'il y a la contraception et qu'enfin les femmes ne vivent plus dans l'angoisse d'une nouvelle grossesse, on laisse s'imposer jusque dans les lycées le discours tellement masculin selon lequel il est sans conséquence d'avoir des relations sexuelles, même quand la jeune fille ne se sent pas prête, mais cède à la pression ambiante et se sent finalement blessée. Victoire du féminisme ?
Au nom d'un droit à l'avortement, on incite des jeunes filles à sacrifier l'enfant qu'elles auraient gardé, on culpabilise les femmes qui refusent une amniocentèse ou ne veulent pas supprimer leur bébé trisomique. Est-ce libérer la femme ?
Quant à celles qui auraient voulu garder leur mère âgée à la maison, au moins l'accompagner les dernières semaines, comment le pourraient-elles ? Il faut travailler pour payer la maison, les études des enfants...
Quelle liberté a réellement apporté le travail féminin, dans les conditions où il s'exerce majoritairement ? La liberté de divorcer certes, et c'est parfois un bienfait, mais peu de femmes en sortent réellement libérées, car c'est la galère, financièrement et moralement, d'élever des enfants seule.
Le combat pour l'égalité, dans le domaine hommes-femmes comme dans les autres domaines, me semble assez vain. Il me semble surtout peu fondé. Car nous sommes tous différents, et c'est l'altérité qui, fondamentalement, permet la rencontre et la relation, quelles qu'elles soient.
Moi qui suis femme, je suis heureuse d'être femme, je suis heureuse d'avoir eu des enfants, et j'assume le regard féminin que je pose sur la vie et sur les autres. Je ne réclame pas l'égalité avec les hommes, je demande à être respectée dans ma différence, en tant que femme. Je ne veux pas qu'on nie nos différences, mais au contraire qu'on les prenne en compte.
Je trouve beau mais dur de mettre au monde un enfant, je trouve fatigant de le porter neuf mois, d'aller au travail exténuée, d'affronter les tensions professionnelles fragilisée, de reprendre trop tôt, d'interrompre l'allaitement, de manquer de sommeil, d'avoir envie de pleurer. Est-ce une victoire du féminisme que d'occulter la fatigue et d'exiger d'être sur son trente-et-un cinq jours après une naissance ?
Non, je ne me retrouve pas dans le discours féministe actuel. Non, pour moi, être une femme et être un homme ce n'est pas pareil, le rôle d'un père et celui d'une mère ne sont pas interchangeables, seul un couple composé d'un homme et une femme peut concevoir un enfant et c'est ce couple qui reste selon moi le lieu idéal pour mettre au monde cet enfant et pour l'élever, pour en faire un adulte aussi équilibré et responsable que possible. Les accidents de la vie provoquent déjà suffisamment de variantes, dont on s'accommode au mieux, pour qu'on n'en vienne pas à vouloir supprimer toute référence, au nom d'un égalitarisme factice.
Parce que souvent 1+1=3.
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