Lundi 09 Mars 2009
TRIBUNE LIBRE.
Commission Balladur : l'adieu au canton rural
Le débat sur le rapport Balladur s'annonce animé. Les défenseurs de la ruralité seront attentifs à certaines mesures. Non pas à celles qui concernent les limites des régions et leur nombre. Que deviendront-elles ? On verra. Le Grand Paris ? Les métropoles ? Laissons les citadins débroussailler la question et occupons-nous de nos affaires. C'est-à-dire de la coexistence Conseil régional-Conseil général, c'est-à-dire de la disparition du Conseil général et donc du canton. J'avais soulevé la question dès 1988 dans « La Vie quotidienne des élus » (Hachette) et plus récemment dans « Les Nouvelles Ruralités » (Éditions Sud Ouest, 2001). J'avais alors essayé de démontrer qu'il faudrait forcément simplifier un jour, comme je l'avais préconisé à Paris dans un rapport du Conseil économique et social (Rapport Brunet-Lechenault, juillet 2000).
On ne peut tordre le nez devant une réforme que l'on réclame depuis plus de dix ans. De bons esprits, notamment à gauche, la demandent avec constance. Le rapport Mauroy posait le problème et son auteur déclarait à « Sud Ouest » en septembre 2000 : « Pour les cantons, il suffit de regarder les chiffres pour constater la disparité de leur population ; c'est un archaïsme qu'il faut surmonter. » Dès janvier 2000, le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur parle déjà, dans « Gestion locale », de faire désigner un jour les conseillers généraux par les Communautés de communes. On progresse. Le 22 février 2002, Christian Blanc, alors rocardien, déclare dans « Le Nouvel Économiste » : « Le département est un vestige de notre histoire. Il n'a plus de raison d'être dès l'instant que les communautés urbaines et rurales existent. »
Encore un petit effort. Dominique Strauss-Khan écrit en 2002 dans « La Flamme et la Cendre » (Grasset) : « Ma conviction est que nous n'échapperons pas... à la disparition des départements, compensée par la montée en puissance des regroupements intercommunaux. » La liste est longue, preuves en mains, de ceux qui veulent supprimer un niveau du fameux mille-feuille. De François Bayrou à Noël Mamère et d'Arnaud Montebourg à Jean-François Kahn en passant par François Rebsamen et Jacques Attali, chacun veut simplifier, et toujours aux dépens du Conseil général actuel. La région, elle, n'est pas remise en cause. L'intercommunalité non plus. Bien au contraire.
On le voit, Balladur n'est pas seul. Mais les adversaires se mobilisent, certains par conviction, certains par calcul politique, certains pour survivre. Ils défendent le mille-feuille, les cantons scandaleusement inégaux, le chevauchement inutile conseiller général-président de Communauté de communes, et une « proximité » prétendument menacée, comme si le fait de supprimer les cantons entraînait la disparition des crèches, des collèges ou de certaines routes ! Ils crient au feu et mélangent suppression des Conseils généraux et suppression des départements, ce qui n'est pas la même chose. Il n'est pas question de faire disparaître ces derniers en tant que circonscription administrative, ni les préfets, ni les plaques minéralogiques auxquels les Français se disent attachés.
Les défenseurs de la ruralité verront dans le renforcement largement souhaité des Régions la possibilité de mener des politiques équitables en faveur des petites communes désormais sous l'aile protectrice des présidents élus de véritables intercommunalités - c'est-à-dire peuplées au moins de 10 000 habitants. La définition clairement précisée des compétences des futurs conseillers territoriaux siégeant à Bordeaux pour l'essentiel et à Périgueux ou à Pau pour les affaires sociales (qui pourraient rester départementales) permettrait d'entrer dans le XXIe siècle. Le sondage paru dans « Sud Ouest » le 28 février dernier indique que 56 % des Aquitains approuvent la fusion des deux institutions aujourd'hui concurrentes. Ils estiment donc que le monde rural a droit à s'adapter et à bénéficier de structures enfin transparentes, lisibles et efficaces.
Les cantons ruraux, cadres traditionnels de la vie politique, qui ont apporté leurs joies et leurs peines aux élus de la France profonde pendant plus de deux siècles, ont accompli leur mission historique. Leur métamorphose en de puissantes intercommunalités garantira l'avenir des villages.
gérard fayolle
Ancien maire et conseiller général du bugue (dordogne)
http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/523827/mil/4260231.html
2 commentaires:
@ Christine
J'ai une opinion plus tranchée sur le sujet. On accumule les strates en France et c'est inefficace et incompréhensible.
Dans le domaine scolaire, par exemple, les CG s'occupent des collèges, les Régions des lycées et les Villes des écoles primaires. Enorme !
Donc, je suis pour la suppression des CG et surtout quand je vois cela :
http://disparitus.blogspot.com/2009/03/qua-prevu-edouard-pour-la-marne.html
@ Disparitus
Je suis également pour la disparition des Conseils Généraux, et ça m'a amusée de lire le même point de vue défendu par un conseiller général, c'est pourquoi j'ai reproduit son article. Car il faut bien reconnaître que la plupart de ceux qui s'opposent à la fusion des services entre Départements et Régions sont les conseillers généraux qui pensent à leurs indemnités, faisant hypocritement comme si, ainsi que le dit très bien Gérard Fayolle, la disparition du Président du Conseil général allait entraîner celle des collèges et des routes !
La Marne ne diffère pas vraiment du Morbihan à ce qu'il semble, tous les mêmes !
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